Essai de prévision de la population malgache | 1963

09 mai 1970

Les phénomènes démographiques, parce qu’ils sont peu apparents et parce qu’ils présentent une inertie certaine à toute action délibérée, ne frappent pas l’imagination, et l’attention qu’on leur accorde est de ce fait moindre que celle que l’on porte à d’autres événements dont l’évolution est nettement plus spectaculaire.


Leur importance n’en est pas moins considérable et le grand démographe A. Sauvy a pu dire que l’un des bouleversements les plus remarquables de notre époque était le changement survenu en matière démographiques. Si la natalité s’est maintenue à son niveau d’autrefois dans presque tous les pays, il n’en est pas de même de la mortalité qui accuse un très net recul. Les progrès de la médecine et particulièrement la disparition des grandes endémies, la fréquence moindre des conflits internationaux et une meilleure protection contre les cataclysmes naturels, ont permis à un nombre de plus en plus grand d’individus de se maintenir en vie. L’équilibre qui existait entre la naissance et la mort est rompu. Seules ont pu survivre les civilisations qui pratiquaient une politique nataliste afin de contrebalancer cette mortalité très élevée. L’environnement technique et économique ayant été modifié, ces civilisations devront soit s’adapter soit disparaître.


Dans cette « explosion démographique » qui caractérise le monde moderne, les pays en voie de développement occupent une place de choix, en raison du maintien à un très haut niveau de leurs taux de fécondité. Madagascar, en particulier, accuse un accroissement important de sa population, comme le témoigne le graphique sur l’évolution de la population malgache de 1900 à 1960 contenu dans la publication en pièce jointe.


A l’heure où les dirigeants du pays de préoccupent de planifier l’économie, il est de plus haute importance de prévoir quelle sera l’évolution de la population. Cette donnée influe en effet, directement ou indirectement sur la majeure partie des différents éléments de l’activité de la Nation : scolarisation, emploi, infrastructure sanitaire, corps électoral, consommation, etc.


C’est pour tenter de répondre à ce besoin, et aussi pour dégager les lacunes existantes, que le Service de la Statistique et des Études Socio-Économiques a entrepris en 1963 cette étude sur les perspectives démographiques, en s’appuyant sur les renseignements en sa possession et en formulant une série d’hypothèses jugées comme étant les plus probables.