INSTAT - Madio | Note de diagnostic sur la pauvreté à M/car - juin 1997

01 juin 1997

Près de deux tiers des malgaches vivent dans la pauvreté. Les analyses menées par différents organismes convergent vers cette conclusion. Quelque soit le clivage utilisé (type de ménage, ventilation urbain - rural), la part de ménages pauvres reste à un niveau élevé. L'instinct de survie prime sur les consommations jugées non prioritaires. Ainsi, une hiérarchisation de la consommation a lieu. La consommation alimentaire a une forte pondération dans la consommation totale des ménages au détriment des autres dépenses pourtant essentielles au bien-être de l'homme : santé, éducation et loisir.
 
La population rurale est beaucoup plus frappée par la pauvreté que la population urbaine. En milieu urbain, la moitié de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté alors que 80% de la population rurale ne dispose pas de ce seuil minimum. La pauvreté semble s'atténuer au fur et à mesure que l'on s'approche des centres urbains secondaires et de la capitale.
 
Au niveau des Faritany, Fianarantsoa et Toliary sont les plus pauvres avec respectivement 77,8% et 87,6% de pauvres alors que Antananarivo et Antseranana sont les mieux nantis. Ces résultats sont à relativiser car en fait tous les Faritany sont assez sévèrement touchés par la pauvreté. A titre d'exemple, l'étude de la dynamique de la consommation réalisée par le projet MADIO a montré que le pouvoir d'achat de la population d'Antananarivo n'a cessé de diminuer entre 1960 année de l'indépendance jusqu'à 1995. La baisse a été de 45% en moyenne et a surtout affecté les plus pauvres.
 
En dynamique, les indicateurs socio-économiques ne sont pas des plus encourageants. Le revenu des ménages est en baisse quelque soit le secteur d'activité et le type d'activité (formel ou informel). Pour les ruraux, cette diminution est due à la contre-performance de certains produits qui pèsent lourds dans la production des agriculteurs dont en particulier le riz. Ce produit est victime de la politique de libéralisation économique qui s'est traduite par le désengagement brusque de l'état du secteur agricole. Les revenus des ménages des secteurs formel et informel ainsi que celui du secteur public n'ont pas échappé à cet effritement du pouvoir d'achat. Côté éducation, on constate une nette dégradation qui est mise en exergue par les phénomènes de la déscolarisation notamment au-delà de onze ans et du niveau élevé du taux de redoublement. La précarité de l'hygiène peut être aperçu à travers les lacunes dans les services de santé. Seuls 16% des ménages ont accès à l'eau courante ou s'approvisionnent à une pompe publique ; quant aux déchets organiques et ménagers, faute de services de voiries, seuls 17% des ménages remettent leurs ordures dans les dépotoirs publics alors que 66,2% des ménages font leurs besoins dans la nature. L'environnement n'est mis en reste car face à la chute de leur pouvoir d'achat, une frange non négligeable de la population s'est attaquée à l'environnement afin d'y puiser leur revenu.

Bien qu'il soit difficile de classer comme cause ou effet de la pauvreté certains phénomènes, quelques facteurs semblent être à priori à l'origine de la pauvreté. Citons entre autres, la faible capacité de l'état, la croissance économique faible suivi des déséquilibres des fonctions publiques, la baisse de prix des produits d'exportation et le poids des facteurs culturels.

Les remèdes apportés pour solutionner le problème de la pauvreté (notamment la mise en place de différents projets) n'ont pu résoudre que quelques problèmes de court terme telle la famine causée par la sécheresse et la malnutrition dans certaines régions de l'île. Mais la tendance à la baisse du pouvoir d'achat et la dégradation de la qualité des services sociaux continuent de sévir mettant en péril le fragile climat d'insécurité qui gangrène le pays.

Pour terminer, soulignons qu'en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, toute orientation de politique économique doit être à "large spectre" en ce sens que les différents agents économiques et secteurs économiques doivent être pris en compte ainsi que leurs interactions.

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