RGPH 3 | Rapport thématique - Thème 10 -Population et précarité résidentielle en milieu urbain

10 février 2022

D’après les estimations des Nations Unies, au cours des cinquante prochaines années, la population urbaine devrait doubler dans les pays développés tandis qu’elle serait par contre multipliée par quatre dans les pays en développement. Plus particulièrement, la population urbaine serait multipliée par huit (08) pour l’Afrique (UNESCO, 1974).


Ainsi, on estime qu’une personne sur trois réside désormais dans un bidonville. La population totale des bidonvilles dans le monde dépasserait en effet le milliard d’individus. Les bidonvilles se caractérisent avant tout par le type de construction (utilisation massive de matériaux rudimentaires et à faible coût : écorce, terre battue, planches, cartons, matériaux végétaux, etc.) et l’inexistence de planification territoriale. Cette population doit faire face quotidiennement à des défis quasi-insurmontables : absence des services de base et des infrastructures les plus élémentaires telles que l’accès à l’eau et à un assainissement décent ; pas ou peu de sécurité foncière et d’insécurité (ONUHABIT, 2009). En effet, le monde urbain et les villes sont plutôt exposés au risque d’explosion démographique, à la pollution, à l’autosuffisance difficile, à l’insécurité et à l’inégalité par rapport au monde rural. En revanche, ils sont aussi des lieux d’opportunités plus favorables, notamment à l’éducation, la santé et l’emploi. Ainsi, la contribution à la croissance économique de la population urbaine est l’un des défis à soulever par le pays. Cela passe par les quatre axes suivants, à savoir : l’investissement dans les infrastructures pour dynamiser l’emploi ; le développement de l’accès aux services essentiels ; la gestion de la croissance urbaine (plan d’urbanisme) notamment l’accès aux terrains et l’autoproduction massive de logements populaires (ONUHABITAT, 2010). Dans ce cadre, Madagascar ne fait pas exception face à cette tendance à l’urbanisation. La population urbaine est passée de 2 800 000 en 1993 à près de 4 940 000 d’habitants en 2018.


Si le taux d’accroissement annuel moyen de la population urbaine est de 3,8 %, selon l’UNFPA (2008), alors à ce rythme, la population urbaine serait doublée dans 18 ans, c’est-à-dire, d’ici 2027. En effet, plus de 200 000 habitants supplémentaires s’installent dans les villes chaque année (M2PATE, 2015). Le plan d’urbanisme et les infrastructures ne sont pas préparés à de telle arrivée massive de la population (Chesnais et Le Bras, 1976). Il en résulte alors la détérioration de la qualité de vie en milieu urbain et la crise du logement. Le développement anarchique de l’habitat dans les villes malagasy, méprisant le plan directeur de l’aménagement de l’espace urbain n’a fait qu’augmenter la vitesse alarmante du nombre des bidons villes. A cela s’ajoute la surpopulation urbaine conjuguée avec le manque de place et de l’accès difficile à la terre, les ménages s’installent dans des sites insalubres, tels que la Réunion Kely1 (Antananarivo) abritant environs 2000 personnes sans-abri.