Dans tous les pays en développement, la question de la fiscalisation du secteur informel est débat aussi un vieux que le secteur lui-même. Il prend d'autant plus d'acuité à Madagascar aujourd'hui, que d'une part le pays connaît une grave crise de ses finances publiques, avec une érosion constante du taux de pression fiscale, et que d'autre part, la contribution du secteur informel au PIB a tendance à croître avec la crise et l'atonie de la demande de travail formel (publique et privée). De façon récurrente et malgré la succession d'échecs enregistrés par la plupart des pays ayant cherché à l'assujettir à l'impôt, l'Etat tourne son regard avec concupiscence sur ce secteur qu'il considère comme un gisement fiscal inexploité. Il est conforté en cela par les récriminations tout aussi régulières des groupes d'opérateurs formels, qui se plaignent de la concurrence déloyale dont ils sont victimes de la part de produits informels moins chers car non taxés.
Cette question s'inscrit dans la perspective plus générale de la « formalisation de l'informel ». L'Etat voit d'un mauvais œil ce pan de l'économie qui échappe largement aux régulations publiques (enregistrement, législations du travail, fiscale, réglementations urbaines, etc.), et plus largement au contrôle social qu'il cherche à exercer. Velléitaire, la politique de l'Etat à l'égard du secteur informel balance entre le laisser-faire, entérinant son incapacité à proposer une véritable alternative en termes de créations d'emplois productifs, et la volonté de le soumettre à sa juridiction, afin de combler le manque à gagner que représente un secteur informel qu'il ne maîtrise pas.
INSTAT - Madio | Fiscalier le secteur informel : est-ce souhaitable ? Est-ce possible ? - mai 1997
01 mai 1997
Document(s) téléchargeable(s):